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PRCF 66, adhérent du Pôle de Renaissance Communiste en France

LIBÉ, TEL QU’EN LUI-MÊME

1 Décembre 2013 , Rédigé par PRCF 66 - Pyrénées Orientales Publié dans #BILLET ROUGE - L'ACTU À CHAUD

LIBÉ, TEL QU’EN LUI-MÊME
par Floréal, PRCF
 

Quand ce journal fut créé, par une équipe de « stratèges » pseudo-maoïstes* parrainés par Sartre, l’Huma n’avait qu’à bien se tenir. Les « révisos » du PCF étaient alors accusés de tous les maux par nos fringants dirigeants gauchistes. Pourtant, non sans erreurs et tâtonnements préparant sa « mutation »-catastrophe des années 90, le PCF du début des années 70 tenait encore ferme sur le léninisme, sur la solidarité de classe avec le pays de Stalingrad, sur le soutien au peuple vietnamien, sur l’enracinement du parti en classe ouvrière, sur la défense de l’indépendance nationale contre l’Europe atlantique… Mais pour les chefs de l’ultragauche, ce n’était jamais assez, il leur fallait la révolution pour le soir même, si possible avec « guerre révolutionnaire » et « encerclement des villes par les campagnes » en option !

Puis… puis ce qui était prévisible et d’ailleurs prévu arriva.

L’anticommunisme de gôôôche, dissimulé par le verbiage ultra, ne tarda pas à virer à l’anticommunisme de droite sur fond d’hostilité maladive à l’URSS, de soutien à la contre-révolution vaticane en Pologne et aux « combattants de la liberté » en Afghanistan (c’est-à-dire aux talibans !), de mépris profond à l’encontre du mouvement ouvrier de masse qui avait le tort de ne pas suivre l’aventurisme de la prétendue « gauche prolétarienne ». Dès les années 80, Libération si mal nommée devint ainsi le J.O. de la Mitterrandie repue**, l’apologiste de Maastricht et de l’UE, l’institutrice permanente de la pédagogie du renoncement à l’idée de changement social, le défenseur du « droit d’ingérence » impérialiste prôné par B. Kouchner à l’encontre des peuples mal-pensants.

Pour faire passer ce virage à 180°, July et sa fine équipe mirent l’accent sur le combat « sociétal » en exaltant la défense des minorités et en ringardisant le combat social. Pourtant, même si l’on se place du point de vue du combat « sociétal », le bilan de Libé est pour le moins mitigé (voir la montée actuelle des forces de fascisation : la « boboïsation » nourrit la fascisation !) ; car l’émancipation « sociétale », et notamment l’égalité entre les deux sexes, se plombe elle-même quand elle se coupe du front principal de la lutte : la contradiction capital-travail, l’opposition à l’impérialisme.

« Quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limites ». Cette maxime du sapeur Camembert fut alors appliquée avec zéle par une direction de Libé nantie ; les fumeurs de Havane y affichaient désormais arrogamment leur ralliement au capitalisme « social-libéral » : social en paroles… mais libéral dans la pratique !

Le tableau resterait incomplet si l’on omettait l’hostilité de principe que ce journal, qui usurpe le nom d’un mouvement de la Résistance antifasciste et patriotique – mais il n’est hélas pas le seul dans ce cas dans le panorama hexagonal… – déploie en permanence contre l’héritage républicain de la France : celle-ci est toujours rabaissée, toujours « franchouillarde », « franco-française » et, crime suprême… « hexagonale ». Cet anti-jacobinisme primaire s’exacerbe tout particulièrement dans les colonnes du journal quand il est question de la langue française, qui est pourtant l’outil principal et le gagne-pain n°1 des journalistes de France. Très récemment, les faux contestataires de Libé n’ont-ils pas fait leur Une… totalement en anglais, dans le but de « ringardiser » les adversaires de la honteuse loi Fioraso, qui institue le globish comme langue universitaire de travail en violation de l’article II de la Constitution ?

Bref, le regretté Guy Hocquenghem, qui connaissait bien ce petit monde, n’avait pas tort de décrire l’évolution des dirigeants de Libé comme une translation, finalement très classique en son principe, du « col mao au Rotary »… Bien avant Hoquenghem, J. Brel avait d’ailleurs décrit le même genre d’évolution dans sa rugueuse et hilarante chanson « Les bourgeois » !

On aurait tort cependant de ne voir là qu’une trahison de classe comme il y en eut tant dans les trois dernières décennies. Il s’agit, plus tristement encore, de l’affirmation enfin décomplexée d’une hostilité bourgeoise au camp progressiste et au parti communiste. N’ayant plus à faire désormais (contre-révolution antisoviétique à l’est, mutation social-démocrate du PCF et évolution « européiste » de la CGT aidant !) à  un puissant mouvement ouvrier de classe se référant à Lénine et à Robespierre, les chefs carriéristes de Libé purent enfin « prendre de droite », sur des bases social-libérales et libéral-sociétales, ce PCF et cette CGT qu’ils avaient d’abord eu la malice de « prendre de gauche » dans les années 70 pour isoler les organisations historiques du prolétariat français du magnifique et juvénile romantisme révolutionnaire des années 68***…

Cela ne signifie nullement bien entendu que la masse des jeunes « maos » des années 70, ouvriers, étudiants et autres « établis », étaient des vendus : nombre d’entre eux, y compris parmi les cadres, se sont sentis trahis par les July, les Benni Lévy, les Glucksmann passés corps et bien à l’impérialisme US. Comme nous, ces militants entendent rester fidèles à l’idéal communiste, comme nous, ils cherchent aujourd’hui les voies de l’avenir. Car nous aussi, que l’on qualifie d’ « orthodoxes », avons dû affronter une direction du PCF qui dénigre ou occulte la grande histoire patriotique et internationaliste de son parti****, qui sanctifie la « construction européenne » et qui défend aujourd’hui en première ligne le maudit euro qui strangule tous les peuples d’Europe.

Interrogé sur France-Inter, un journaliste de Libé passé au Point qualifiait ce 30 novembre Libé de « plus belle aventure journalistique du 20ème siècle en France ». Non, Monsieur le « libérateur-ponctuel » : la plus belle aventure journalistique du 20ème, c’est celle qu’a ouverte Jaurès en sortant l’Huma en 1904, Cachin en « communisant » ce journal suite au Congrès de Tours, et Duclos-Frachon en éditant clandestinement l’Huma sous l’Occupation. Avant que le capital de ce journal ne fût, hélas, ouvert à Lagardère par la direction mutante du PCF-PGE dans les années 90, c’est bien l’Huma qui méritait – et qui méritera à nouveau un jour ! – de porter en sous-titre le beau mot galvaudé de "Libération".

En attendant, communistes et progressistes, lisez et soutenez « Initiative communiste », le mensuel franchement communiste du PRCF qui lutte toujours sans concessions pour le progrès social, pour l’indépendance de la France et pour la Libération de l’Humanité !

 

 

* Mao, c’était quand même une tout autre dimension que ces petits messieurs ! Signalons, s’il est nécessaire, que nous ne mettons pas ici en accusation l’ensemble des cadres du maoïsme post-soixante-huitard, dont la sincérité de beaucoup ne faisait pas de doute.

** On se souvient du journal parfumé à la rose le 11 mai 1981 !

*** Et pour cela, le gauchisme soixante-huitard a pu prendre appui sur les tendances réformistes qui se dessinaient alors objectivement dans le mouvement ouvrier de masse et dans certains pays socialistes. Mais c’est là une autre affaire et nous aurons l’occasion de revenir sur l’évolution régressive d’un autre journal, l’Humanité, à l’occasion du 110ème anniversaire du titre.

**** Ainsi, aucun ancien secrétaire général du PCF n’a vu son nom attribué à une rue de la dernière fête de l’Huma… Thorez, Waldeck ou Marchais n’ont sans doute jamais existé !

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