Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
PRCF 66, adhérent du Pôle de Renaissance Communiste en France

Subventions d’Etat au grand Capital licencieur, ou le scandale permanent du capitalisme monopoliste d’Etat à l’heure de la construction européenne (I)

3 Octobre 2020 , Rédigé par PRCF 66 - Pyrénées Orientales Publié dans #LUTTE DES CLASSES ET RENAISSANCE COMMUNISTE, #EUROPE : en sortir - s'en sortir

1e partie - Par Georges Gastaud, secrétaire national du PRCF

 

VOUS AVEZ DIT “LIBÉRALISME”?

Depuis des décennies, on nous rabâche, du collège à l’Université, sur presque tous les médias, et sur tous les tons, que nous vivons dans une société “libérale” et que le “néolibéralisme” est notre lot.  Ceux qui sont un peu plus critiques politiquement, mais qui n’en barbotent pas moins dans l’illusion idéologique, parlerons, pour le condamner, de l’ “ultralibéralisme” ou du “turbo-capitalisme”. En de fait, le , relayé par tous les traités européens qui lui ont succédé, définit l’Union européenne comme une “économie de marché ouverte sur le monde où la  est libre et non faussée”. Au nom de cet article inamovible qui forme le coeur de la “construction” européenne et des constructions politico-économiques analogues sur d’autres continents (ALENA, MERCOSUR, ASEAN…), les Etats nationaux et leur personnel politique dirigeant s’interdisent de nationaliser les grandes banques et les autres entreprises présentant un caractère stratégique pour leurs nations respectives. Interdiction du même coup de planifier scientifiquement et démocratiquement le développement économique, le déploiement du progrès social, la répartition des “gains de productivité”, de stopper les délocalisations industrielles et servicielles ravageuses et, bien entendu, d’interdire les licenciements collectifs relevant de la “loi du marché”. 

Pire, comme on le voit en France depuis au moins 1992 (date où le Traité de Maastricht obtint 5O,8% à un référendum où Chirac et Mitterrand appelaient tous deux à voter Oui), les gouvernements français successifs privatisent à tour de bras les prétendus “monopoles publics” (comme EDF, Gaz de France, la SNCF, France-Télécom, la Poste, Air France, l’Aérospatiale, les autoroutes, etc.)… pour mieux créer, en réalité, des monopoles ou des oligopoles capitalistes privés comme SANOFI, Bolloré, ou ENGIE, alias Suez. Et ce fut encore plus vrai à l’époque du gouvernement Jospin, dit “de la gauche plurielle” et flanqué de ministres “communistes” (Gayssot, Buffet, Demessine) et “verts” (Voynet), qui, entre 1997 et 2002, a privatisé plus vite encore que les gouvernements de droite précédents, le secteur public français, des Caisses d’épargne à France-Télécom en passant par Air-France et la SNECMA. C’est d’ailleurs le “socialiste” Rocard, grand “européen” lui aussi qui avait engagé la privatisation de Renault, en profitant au passage pour décapiter la C.G.T. de l’entreprise et pour fermer REnault-Billancourt, épicentre de la grève de 1968…

LIBÉRALISME POUR QUI ?

Il est bien vrai en un sens que cette politique, totalitairement imposée dans toute l’ par la Commission de Bruxelles à coups d’amendes et de “sanctions”, est “libérale”; mais pour QUI l’est-elle vraiment, si ce n’est pour les grands groupes capitalistes de taille continentale ou mondiale qui peuvent ainsi en toute “liberté” démolir les conquêtes sociales des salariés, pratiquer le moins-disant environnemental et social à l’échelle transcontinentale, multiplier les juteuses fusions capitalistes nationales (VEOLIA/ENGIE?) et surtout désormais, continentales et transcontinentales tueuses d’emplois (Renault-Nissan, PSA-Chrysler-FIAT, Alstom/Siemens ou Alstom-G.E., etc.): en un mot, piétiner “librement” le monde du travail et l’intérêt national véritable (deux notions qui n’en font qu’une quand cette expression d’ “intérêt national” n’est pas dévoyée dans un sens impérialiste). 

 

Non seulement l’U.E. permet aux trusts de surexploiter et de déclasser des millions de salariés jugés “trop chers” (délocalisation réelle ou chantage à la délocalisation, c’est tout un), mais elle les aide à écrabouiller de manière ô combien “libérale” les petites entreprises ou à les asservir: car à tout instant plane sur la tête des artisans, des petits industriels, des petits agriculteurs, et plus encore, sur celle des salariés privés de droits de nombre de PME (sans parler de ce patronat fictif que sont les travailleurs ubérisés et autres “auto-entrepreneurs”), une “concurrence” d’extension planétaire dont l’échelle et les règlements volontairement tâtillons privilégie les seules entreprises réellement aptes à se livrer à la “concurrence “non faussée”, c’est-à-dire en réalité, les monopoles capitalistes liés aux banques; les petites et moyennes entreprises sont ainsi priées, en toute “liberté d’entreprendre”, d’écraser leurs prix, et avec eux, les salaires de leurs employés, de ramper pour avoir les marchés, d’entrer en compétition avec des géants internationaux pour la moindre adjudication de ville, de sous-traiter pour des “donneurs d’ordre” tyrannique, notamment pour la grande distribution. Ou, plus simplement, comme il arrive à des centaines de milliers de “patrons” de T.P.M.E. ou d’auto-entrepreneurs… de “gicler” purement et simplement (avec des centaines de suicides à la clé chaque année dans le monde paysan). 

 

Ne parlons pas du rôle dévolu par ce système “libérateur” aux ex-pays socialistes de l’Est: leur  socialiste et leurs acquis sociaux incomparables ont été liquidés, en vertu d’une “thérapie de choc” terrible, en préalable à leur annexion par l’UE (et dans la foulée, par l’OTAN!). Ni du devenir des pays du Sud, quasi-interdits de développement industriel et agricole, si ce n’est de type néocolonial (fixé par les besoins des trusts des pays riches): il est clair qu’une jeune  nationale partant de zéro, ou disposant au départ de peu de financement, de technologie et peu de débouchés propres, ne pourra pas sérieusement concurrencer, sans droits de douane nationaux, les mastodontes capitalistes des pays dominants déjà installés sur le marché et préemptant les matières premières, les semences agricoles, etc. Ce n’est pas pour rien qu’en France, pour créer l’, Colbert a dû mettre en place une  d’Etat, réglementer fermement les importations: chacun sait que dans notre pays, il n’y aurait jamais eu d’ sans l’intervention planificatrice d’un Etat et que, contre-épreuve de la même hypothèse, notre  nationale s’effondre littéralement depuis que l’ETat français, esclave volontaire de la “construction” européenne, s’interdit à lui-même de nationaliser, de protéger et de planifier…

“LIBÉRALISME” INTERNATIONAL ASYMETRIQUE ET BLINDÉ DE CRYPTO-PROTECTIONNISME

Notons aussi que, même à ce niveau continental et transcontinental, le prétendu “libre-échange mondial” est une fiction: en réalité, les Etats capitalistes les plus puissants, et centralement pour ce qui concerne notre pays, les Etats-Unis d’Amérique et l’Allemagne capitaliste unifiée (vraie maîtresse de l’UE) se sont dotés par mille moyens d’outils crypto-protectionnistes ou ouvertement tels(droits de douanes antichinois de Trump, “sanctions économiques” prétendument destinées à défendre les droits de l’homme à géométrie variable qui frappent les rivaux actuels ou potentiels du grand capital yanqui, notamment la Chine, embargos divers strangulant la Russie, la Chine, l’Iran, le Venezuela, la Biélorussie, et bien entendu, la vilaine et indomptable “bête rouge” cubaine!). On pourrait aussi invoquer les innombrables normes “sanitaires” (et de plus en plus “écologistes”) imposées par l’Oncle Sam pour fermer son territoire aux exportations des pays dominés. A tout prix, il s’agit de filtrer l’entrée des concurrents réels ou potentiels sur leur marché intérieur et de permettre asymétriquement aux trusts des pays-leaders d’envahir les marchés de l’Est et du Sud sans que la réciproque soit possible. 

L’EURO, MONNAIE CRYPTO-PROTECTIONNISTE; L’ENTENTE MONÉTAIRE INTER-IMPÉRIALISTE GERMANO-AMÉRICAINE ET LA CRISE ACTUELLE DE CETTE ENTENTE

Le principal de ces outils déloyaux permettant la “concurrence” libre (pour les Etats riches) et systématiquement FAUSSEE, est le couple monétaire conflictuel:complice (comme deux mafias peuvent à la fois s’allier pour piller une ville tout en s’attrapant périodiquement à la gorge) que forment…

  • d’une part le dollar: une étrange monnaie mondiale non convertible en or et gagée, en réalité sur la puissance sans équivalent (80% des armes mondiales sont américaines! Qui ira jamais sommer l’Oncle Sam de rembourser ses énormes dettes?) de l’US Army; ce qui vaut bien une guerre par an en moyenne pour soutenir la peur, non du gendarme, mais du voleur. D’autant que des projets de monnaie internationale court-circuitant le dollar courent ou ont couru depuis des années (entente entre la Russie et la Chine pour échanger sans passer par le dollar, projet libyen de monnaie africaine autonome – qui a sans doute largement provoqué le renversement et le lynchage “humanitaire” de Khadaffi…),
  • et d’autre part la zone euro-mark coeur de la “construction” européenne centrée sur Berlin. Gagée sur le deutsche Mark fort, la monnaie unique européenne garantit à la RFA une sorte de marché européen captif permanent, tout en laissant – pour combien de temps encore ? – le dollar plus faible dominer mondialement. 

Ainsi les “vaches” respectives de l’Oncle Sam et de l’Ami Frantz étaient-elles initialement bien gardées. car de la sorte, les USA et la RFA impérialistes et hégémoniques peuvent-ils se “répartir” mondialement et continentalement les zones d’influence et les marchés. De cette manière, Berlin “tond” sans cesse l’Europe de l’Est (paradis des délocalisations capitalistes, réservoir de main-d’oeuvre bien formée et bon marché pour l’Occident) et l’Europe du Sud, transformé en débouché largement passif et impuissante à pénêtrer sérieusement le marché industriel de l’Europe du Nord (les soi-disant “Etats frugaux” attachés à l’Allemagne capitaliste). En outre, en raison du différentiel de monnaie entre euro fort et dollar faible, l’Europe allemande promettait initialement de ne pas envahir le marché américain. Bien entendu, ce compromis crypto-protectionniste entre les deux requins impérialistes que sont à égalité Berlin et Washington (et ce compromis crypto-protectionniste, le P.R.C.F. est seul jusqu’ici à l’avoir repéré et dénoncé) est nécessairement fragile et c’est ce qui explique les tensions actuelles entre Trump et Merkel: à coup d’euro fort, l’Allemagne capitaliste a tué ou asservi les industries plus faibles des pays du Sud, France incluse, et transformé en néo-colonies de main-d’oeuvre les ex-pays socialistes de l’Est, Pologne, pays baltes, ex-Tchécoslovaquie et ex-Yougoslavie. Les pays sud-européens ne pouvaient en effet contre-attaquer au moyen de “dévaluations compétitives” comme ils le faisaient quand n’existait pas la monnaie européenne calée sur le mark. Mais ce système est nécessairement voué au déséquilibre et à son autonégation dialectique. Ayant fini par ruiner les pays du sud européen, les prétendus “PIGS” (Portugal, Italy, Greece, Spain), l’Allemagne a changé de braquet; l’euro a été systématiquement affaibli par la BCE et sa politique faisant tourner la “planche à billets”. Et du coup, les Mercedes ont envahi… le marché américain dont la réaction antigermanique et anti-UE, mais aussi anti-chinoise, s’appelle Donald Trump. Bien entendu ces deux méga-prédateurs qui s’auto-baptisent “Communauté internationale” continue de s’entendre comme larrons en foire pour frapper les pays du Sud, protéger le capitalisme mondial, conjurer le retour toujours possible des communistes et des révolutionnaires, voire préparer ensemble une bonne guerre contre la Chine et/ou contre la Russie. Mais, l’idylle USA/Europe allemande sous domination absolue du premier – qui durait depuis l’entre-deux-guerres et plus encore, depuis 1945 et le financement américain de la forteresse Allemagne (contre l’URSS, mais aussi, contre la France, cf les livres d’Annie Lacroix-Riz) est désormais terminée. N’en déduisons pas qu’ils vont se prendre au collet, du moins immédiatement, ils ont trop d’intérêts communs pour cela et peuvent, encore une fois, se réconcilier pour agresser la Russie ou la Chine… tout en continuant ensemble à avancer s’ils le peuvent en Ukraine, en Biélorussie, dans le Caucase, etc.

“AIDE Á L’EMPLOI = AIDE PUBLIQUE AUX LICENCIEMENTS DE MASSE”. Aberration ou effet systémique?

Mais il faut voir aussi et surtout l’aspect caché de cette politique économique que révèle crûment la multiplication des licenciements dans des entreprises capitalistes gavées d’argent public par Macron et Cie (et avant lui par le CICE sarkozyste et par le Pacte de responsabilité hollandien), et cela sans aucune contrepartie sérieuse du côté patronal. Cette politique de subventionnement massif du profit privé par l’argent public aboutit à une contradiction potentiellement révolutionnaire quand l’argent du contribuable distribué à tire-larigot au titre de l’emploi sert à… délocaliser massivement et à supprimer les emplois industriels restants. Il faudrait aussi parler de la manière dont en 2008 les Etats bourgeois, et la France sarkozyste a donné l’exemple, ont sauvé les banques privées de la faillite en s’endettant eux-mêmes colossalement… auprès des mêmes banquiers, faisant ensuite payer les peuples (euro-austérité) au nom du “remboursement de la dette”. 

  • A lire : le dossier spécial CICE d'Initiative Communiste 

Tout le monde a en tête Airfrance-KLM, Renault, PSA, Auchan, et maintenant Bridgestone-Béthune. Tous ont touché d’énormes magots prélevés sur nos impôts pour, en réalité, mettre à exécution des plans de licenciements massifs qui étaient dans les tuyaux des conseils d’actionnaires bien avant que quiconque eût seulement entendu le mot “coronavirus”…

Le scandale est énorme et la colère monte de toutes parts car qui ne voit en ce moment que le pouvoir macroniste, même pris “de gauche” par l’escroc politique Xavier Bertrand, ne sait comment justifier le GASPILLAGE énorme d’argent public que constituent ces “aides” au grand patronat sans contrôle public ni “contreparties” en termes d’emploi, d’environnement et de conditions de travail. Chacun voit au contraire qu’il s’agit, sur le plan éthique, d’un ENORME DETOURNEMENT DE FONDS et que les coffres des capitalistes ressemblent de plus en plus à un nouveau “tonneau des Danaïdes” dont la particularité serait d’être privé de fond à défaut d’être privé de fonds publics! On voit ainsi les mêmes économistes bourgeois qui tonnent contre la “fiscalité confiscatoire” (sous-entendu : sur les riches, “Le Point” n’a rien contre la TVA payée  par les travailleurs bien davantage que par les capitalistes…) et qui considèrent les fonctionnaires (c’est-à-dire les pompiers, les hospitaliers, les enseignants, les chercheurs du CNRS, etc.) comme des parasites suçant le sang de la bourgeoisie, accepter comme allant de soi que les Etats et les gouvernements “libéraux” versent des dizaines de milliards (et ce sera pire encore avec l’ “emprunt européen”) aux actionnaires d’entreprises privées qui, d’ordinaire, “justifient” leurs énormes revenus par les prétendus “risques” qu’ils encourent. Mais qui “risque” le plus de dormir sous les ponts, l’actionnaire de Bridgestone ou l’ouvrier de la chimie?

------------------------------------------

Suite et conclusion dans l'article suivant : 

Subventions d’Etat au grand Capital licencieur, ou le scandale permanent du capitalisme monopoliste d’Etat à l’heure de la construction européenne  (II)

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article